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TROIS PETITS POÈMES

Ne renaissant que pour doubler l’assaut,
Mon cœur content croit tenir Cythérée.
Je suis de braise, et mon vit au plus haut,
Fier de fourbir de si superbes charmes,
De Jupiter ne voudrait pas le sort,
A Frédéric[1] ne rendrait pas les armes,
Soutient son rang et me conduit au port.
En la formant, la divine nature
N’épargna rien : l’esprit et la beauté,
Telle est, en bref, sa fidèle peinture.
Au globe entier, humaine créature
N’eut autant l’air d’une divinité.
Du putanisme augustes héroïnes,
Tendres Saphos, modernes Messalines,
Venez toutes, c’est ici votre temps ;
Je vais tracer vos lubriques talents,
Vos grands exploits dans la foutromanie,
Peindre au naïf plus d’une aimable orgie,
Où cent putains, épuisant les ribauds,
Aux vits bandants servirent de tombeaux.
Arnou[2], Clairon[3], vous gémiriez sans doute,
Si, me taisant, je vous faisais l’affront
De refuser à votre aimable front
Les grands honneurs de la sublime joute ?
Vit-on jamais, sous la céleste voûte,

  1. Le glorieux seigneur de Potsdam.
  2. Chanteuse de l’Opéra, fille d’un pâtissier, devenue
    célèbre par ses amours avec le comte de ***.
  3. Première actrice de la Comédie Française, auparavant
    fameuse par son penchant pour les casernes et les
    corps de garde.