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LE DESPART FORCÉ.

SONNET.



TYRAN qui de ma vie abſolument diſpoſes,
Honneur tu m’as bien tost preßé de m’en aller ;
Cependant tout le bien qu’ailleurs tu me propoſes,
Eſt vn mal dont mon cœur ne ſe peut conſoler.

Faut-il donc s’eſloigner de tant de belles choſes
Pour acquerir vn bruit qui n’eſt rien que de l’air ?
Et pour ſuiure la guerre abandonner des Roſes
Que les plus beaux Lauriers ne ſçauroient égaler ?

Mais, Amour, qui te dis le Monarque des Ames,
Toy qui dans ſes beaux yeux tout couronné de flames
Te maintiens en l’eſtat d’vn Vainqueur triomphant,

Souffres tu que l’honneur trauerſe mon enuie,
Et que ſur ce deſpart, Mars te traite en Enfant,
Toy qui l’as deſarmé mille fois en ta vie ?