Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE CABALISTE.

SONNET.



ESPRIT qu’on voit briller de clairtez eminentes,
Toy qui de l’Vniuers connois chaque reſſort,
Et qui ſçais la vertu, la force, & le rapport
Des Cieux, des Elemens, des pierres & des plantes.

Obſeruant la Nature aux formes inconstantes,
Tu lis tous les decrets que minute le Sort,
Et peus haster le cours, ou reculer la mort
De tout ce que le Monde a de choſes viuantes.

Mais quoy, ne m’apprens rien qui me face enrichir,
Qui me conſerue ieune, ou me puiſſe affranchir,
De la flame, de l’eau, de la peſte ou des armes.

S’il faut que mon humeur ait pour toy des appas,
Seulement, cher Timandre, enſeigne moy des charmes
Qui m’empeſchent d’aimer ce qui ne m’aime pas.