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Vous direz que i’ay trop d’audace
D’oſer vous conter ma diſgrace,
Et c’est trop oſer en effet  :
Mais, doux Auteurs de mon martire,
Qu’il me ſoit permis de vous dire
L’outrage que vous m’auez fait.

Depuis que voſtre viue flame
Charma ſi doucement mon Ame
À l’obiect de vos chers apas ;
Ie vy ſous vne loy ſi dure
Que les moindres maux que i’endure
Sont pires que mille trespas.

Depuis ma peine est immortelle ;
Voſtre beauté tient en querelle
Mes paßions & ma raiſon :
Tout m’irrite, rien ne me flate,
Et comme vn nouueau Mytridate
Ie ne vy plus que de poiſon.