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D’autre-fois, comme il plaiſt à la noire vapeur
Qui s’eſleue touſiours de ma melancolie ;
Vn Riual m’aparoiſt ſous ce voile trompeur,
      Qui dans vn iour que l’on publie
Sous le ioug d’Himenée auecque vous ſe lie,
      Sans que cela vous touche fort
Si le iour de ſa feſte, est celuy de ma mort.

Embrasé de cholere en cette extremité
Il m’eſt auis qu’à l’heure au combat ie l’inuite ;
Pour l’empeſcher d’atteindre à la felicité
      Qui ſembloit deuë à mon merite.
Mon bras du premier coup heureuſement s’acquite
      Du ſoin de m’en rendre vainqueur,
Et l’ayant terraßé, ie lui mange le cœur.

Puis apres cét excez, ie me ſens tout glacé
Craignant que ce duel ne vienne à vous déplaire :
Ie veux tout à l’inſtant ſuiure le trespaßé
      Pour adoucir voſtre cholere.
Mais ſur ce mouuement, le Soleil qui m’eſclaire
      Me monſtre en me réjoüiſſant,
Que voſtre Nopce eſt vaine & mon bras innocent.