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L’autre iour à la promenade
Vos yeux ſe deſtournoient des fleurs,
Refuſant meſmes aux couleurs
La grace de la moindre œillade.
Le chant innoncent des oyſeaux,
Le confus murmure des eaux
Vous ſembloit donner quelque attainte ;
Le bruit des feuilles d’alentour
Glaceoit tout voſtre sang de crainte
Que le vent vous parlaſt d’amour.

Telle eſtoit la Nimphe obstinée
À fuir tout ce qui l’aimoit,
Qu’Apollon iadis reclamoit
Sur les riuages de Penée.
Et telle estoit cette Beauté,
Ce Prodige de cruauté
Que Salamine auoit veu naiſtre :
Et qui peut ſans reſſentiment
Aperceuoir de ſa feneſtre
Le deſeſpoir de ſon Amant.

Mais la mort d’Iphis fut vangée
De cette ame ſans amitié ;
Le Ciel n’en eut point de pitié,
L’ingrate en pierre fut changée.