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Si l’on en croit la Renommée ;
Car tu piques en trahizon
D’vne ſagette enuenimée
Qui n’a point de contrepoiſon.

Quand tu m’as bleſſé iusqu’au cœur
Par tes inhumaines cenſures,
Tu ſoustrais auecque rigueur
Les apareils de mes bleſſures :
Angelique cherche par fois
Dans le ton charmant de ſa voix
Quelque douceur qui me conſole :
Mais tu l’apperçois promptement
Et viens retrancher ſa parole
Dés le premier mot ſeulement.

Deſormais aplique toy mieux,
Prenant garde à ce qui te touche ;
Fay tarir la glus de tes yeux,
Et non pas le miel de ſa bouche ;
N’espan plus la mauuaiſe odeur
D’vne criminelle laideur,
Parmy des beautez innocentes :
Au lieu de tant de traits laſchez
Qui bleſſent des vertus naiſſantes
Repren toy de tes vieux pechez.