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Le ſang au viſage luy monte,
De roſes l’amour & la honte
Couurent les beaux Lys de ſon teint ;
Ie preſſe celle de ſa bouche,
Et d’vne ardeur bruſlante atteint
Ie la faits tomber ſur ſa couche,
Où par mille plaiſirs charmez
Nous demeurons tous deux paſmez.

Mais comme mon bon-heur me noye,
Et que ie me fonds tout en ioye,
L’Aurore qui fond toute en pleurs,
Me ſurprenant ſur ces rapines
Deſcouure beaucoup moins de fleurs
Qu’elle ne me couuvre d’eſpines ;
Alors que le grand bruict du iour
M’eſveille, & trahiſt mon amour.

Le Soleil en venant de naistre
S’est introduit par ma feneſtre
Afin d’en chaſſer mon eſpoir,
Deſia ſa lumiere importune
Monte deſſus mon lict pour voir
Si i’ay quelque bonne fortune,
Et rid de voir qu’auec les bras
Ie la cherche en vain dans mes draps.