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LES VAINS EFFORTS.

STANCES.



MON Ame, deffend toy du deſir aueuglé
      Qui d’vn mouuement déreiglé
Souz des fers eſclatans te veut rendre aſſeruie ;
Et d’vn ſage conſeil reiette le poiſon
      Qui pourroit nous oster la vie
      Nous ayant osté la raiſon.

Conſidere qu’Amour auecque des apas
      Nous veut déguiſer mon treſpas
En t’offrant en victime aux plus beaux yeux du Monde :
Et qu’entrer au Dedale où tu vas t’égarant
      Eſt vouloir s’embarquer ſur l’Onde
      Quand le naufrage eſt apparant.

Celle qui tient ma vie & ma mort en ſes mains
      Rebute les vœux des Humains
Comme indignes deuoirs dont ſa Grandeur s’irrite ;
Et l’on ne peut ſans crime aimer en ſi haut lieu
      Si ce n’eſt qu’auec le merite
      On ait la naiſſance d’vn Dieu.