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mis au théâtre, et la pièce attira des milliers de spectateurs. Mrs. Stowe passa dès lors d’une obscurité relative à une célébrité presque gênante. Elle fut violemment attaquée par la presse sudiste et vigoureusement soutenue dans tous les coins du monde par les partisans de la liberté. La preuve la plus évidente de l’immense portée du livre nous est donnée par l’adresse monstre des femmes anglaises aux femmes américaines, qui fut couverte par plus d’un demi-million de signatures et reliée en vingt-six volumes in-folio.

L’enthousiasme de ces bonnes âmes peut provoquer le sourire de ceux qui s’attachent h relever les crudités inartistiques de La Case de l’Oncle Tom, mais un livre qui soulève le monde et devient l’instrument d’une guerre civile et de l’affranchissement d’une race asservie peut bien obtenir quelque admiration de la part d’une génération plus avancée.

Mrs. Stowe s’occupa ensuite de rassembler les documents justificatifs dont elle s’était servie pour écrire son livre. Une clef, A Key to Uncle Tom’s Cabin, parut en 1853, puis elle partit en Europe où elle fut accueillie avec enthousiasme. De retour à Andover, Massachusetts, car son mari avait accepté une chaire au collège de cette ville, elle lança un appel aux femmes américaines et se dépensa activement pour la cause anti-esclavagiste. Elle écrivit aussi un second ouvrage sur la même question, Dred, a Tale of the Great Dismal Swamp (1856), qui fut aussi populaire qu’elle pouvait le souhaiter. Beaucoup de personnes, à commencer par Harriet Martineau et la reine Victoria, le trouvèrent supérieur à Uncle Tom’s Cabin. Elles se trompaient sûrement. En 1866, le livre fut rebaptisé Nina Gordon, titre qui ne valait pas mieux que le premier, auquel revint plus tard Mrs. Stowe.