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Trouées dans les Novales

sa personne. Il avait grandi dans le mépris du faux brillant, dans la haine de la pose et de la suffisance.

Kéké n’aurait pas fait de mal à une mouche verte pour tout le sel du monde. Il ignorait la médisance et la calomnie, la politique et ses revers, et il vivait béatement sa vie contemplative sur la ferme des Vandaignes, tout près du ruisseau, large de quelque trente pas, qui portait sereinement ses ondes calmes jusques au Saint-François, à dix ou douze milles de là.

À l’ombre d’une grange solide et vaste, couché dans le foin odorant qui déferlait sur lui comme une vague rafraîchissante au moindre souffle de la brise, Kéké méditait sur l’étrangeté des choses et des veaux.

Il improvisait des bucoliques, tout en mâchant son ronge, et jouissait paisiblement de son existence arcadienne, lorsqu’un jour un voile de tristesse s’é-