Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
Trouées dans les Novales

mençaient donc avec une aisance relative la vie de ménage.

Bibitte Cador occupait pour le moment la ferme ancestrale, avec sa femme et ses huit garçons, tous hardis à la tâche. Sa femme, cependant, était vieillie avant l’âge. Le train quotidien, la fatigue des champs, la mort de ses deux filles, emportées par la consomption galopante, l’avaient minée. Elle était maintenant incapable de vaquer toute seule aux labeurs domestiques, et pour préparer la mangeaille à ce monde masculin doué d’un furieux appétit, elle avait été obligée de prendre en service une indigente, Méré la vieille boiteuse. Celle-ci n’était pas des plus alertes. Son infirmité aggravait encore sa lenteur.

Tant que la mère Cador put rester debout, la besogne marcha plus ou moins ; mais un jour elle dut prendre le lit ; et la maison devint abandonnée, une fois laissée à la surveillance de Méré.