Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
Trouées dans les Novales

À cette phrase protocolaire, la première voix caverneuse répondit :

— Pourquoi, un marché ?

— Pour être riche.

— Quoi’s’tu donnes ?

— M-m-mon âme.

— Quand ?

— Dans… dix ans.

— C’est correct. Signe !

Mais Pitro pria le Diable d’attendre un peu, il lui demanda le temps de se remettre. Il voulait bien signer avec le sang de la Poule Noire et le sien mêlés le parchemin en peau de bouc que Satan avait dans sa poche, rédigé tout exprès pour l’occasion, mais il avait trop soûler pour le moment.

Pendant tout le dialogue, son répondant avait employé, pour donner plus de force aux répliques, un vocabulaire de sacres jusqu’alors inconnus aux oreilles pourtant exercées de Pitro, et le malheureux ne doutait plus qu’il fût