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Retour au Vieux Temps

Il commence à brouillasser vers la Savane. Il y a là une brume pesante où la fantaisie voit tout ce qu’elle veut.

C’est l’heure de remonter au logis.

Le ciel se pointillé, et l’on reste à la porte, sur le perron, à contempler le spectacle silencieux et grandiose de la nuit troublante.

Bientôt, à mesure que la lune s’opalise et monte vers le zénith, les chansons se modulent d’elles-mêmes dans les gosiers ; elles fusent comme des chapelets de notes filées, fioriturées très doucement avec les paroles ingénues et tendres, sombres et passionnées, mais toujours simples, toujours pleines d’images.

Tel chanteur a des souplesses admirables de voix, un art véritable d’expression, mais il est de bon ton, aujourd’hui, de trouver cela ridicule et d’en rire tout haut.

Après les chansons viennent les histoires, les merveilles populaires, les con-