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PIERRE QUI ROULE

lui manquait surtout, c’était la facilité de comprendre les légitimes aspirations de nos compatriotes confiés à sa charge. Pour lui, comme pour un bon nombre de Celtes, de Pictes, de Scandinaves et de Saxons anglicisés, il ne pouvait y avoir qu’un seul type d’humanité acceptable : le type irrémédiablement et exclusivement anglophone.

« Évidemment, le Père Éternel a eu tort lorsqu’il s’est avisé de mettre un peu de diversité dans l’unité de la race humaine.

Dieu s’est mépris. Plus je contemple
Ces Canucks ainsi faits, plus il semble à Brisco
Que l’on a fait un quiproquo.

« Je demande humblement pardon aux mânes du bon Lafontaine si je me permets de démarquer les vers du grand fabuliste, mais Brisco fait bien pour la rime, et c’était le nom du curé irlandais qui avait précédemment, en 1878, hérité de la paroisse de Sainte-Anne, la première paroisse franco-canadienne fondée à Fall River en 1869.

« Ce dernier fait n’avait rien de rassurant pour les paroissiens de Notre-Dame. Ils s’adressèrent donc à Mgr Hendricken, afin d’obtenir un curé capable de les comprendre. J’emprunte ce qui suit à l’excellent ouvrage de M. Alexandre Bélisle, de Worcester « Histoire de la Presse Franco-Américaine » :

« En ce temps-là l’épiscopat irlandais de la Nouvelle-Angleterre s’obstinait à croire à la disparition prochaine de nos compatriotes, comme groupe distinct, et il caressait l’espoir de voir bientôt la langue française éliminée pour toujours de leur milieu. Il donnait pour prétexte que la diversité des langues nuisait à la bonne administration et au prestige de l’Église aux États-Unis.