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PIERRE QUI ROULE

cles de façon à lui faire dire le contraire de ce qu’il avait écrit. À son retour, Quéquienne s’empressa de donner sa démission.

Là-dessus, grande surprise de la part de ses amis. Il n’était pas assez riche pour se payer le luxe de refuser de dire blanc et noir du jour au lendemain. Il avait à sa charge une femme et trois enfants, un troisième lui étant né quelques mois auparavant. Il écrivit sous sa signature, et publia dans le Monde, une lettre expliquant pourquoi il cessait de collaborer au Courrier. En lui offrant, après cela, de l’employer comme secrétaire privé, M. Mousseau faisait preuve d’une grandeur d’âme dont peu de ses collègues eussent été capables.

Le lecteur se trompe s’il se figure que l’esprit de suite et l’indépendance de caractère dont Quéquienne venait de faire preuve lui valurent l’admiration ou même l’approbation des gens. On ne concevait pas qu’un homme obligé de gagner sa vie refusât de souffler chaud et froid en même temps et renonçât à une position honorable, sinon très lucrative, plutôt que de se déjuger du jour au lendemain, lorsqu’il croyait avoir raison. Le chômage forcé auquel il paraissait. s’être voué ne fut cependant pas de longue durée.

Il fut immédiatement chargé de la rédaction du Canard que M. Berthelot venait de quitter. La session de la Législature de Québec venait de s’ouvrir. Il y représenta la Minerve et le Monde à la tribune des journalistes, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à rédiger le Canard. Il s’astreignit même à publier dans ce dernier journal une chanson hebdomadaire qu’il improvisait entre deux correspondances. M. Frédéric Houde, député fédéral de Maskinongé, était alors propriétaire du journal le Monde, l’ancien Nouveau-Monde, qu’il avait lui-même rebaptisé.

Quéquienne se trouvait à Québec durant la session de 1881, lors du désastreux incendie qui dévasta une