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PIERRE QUI ROULE

« La glace obstruait le lac sans être assez solide pour livrer passage même aux piétons. Impossible de traverser. Il me restait un jour de délai et je dus rebrousser chemin sans avoir achevé ma tâche officielle. Je fis un rapport conforme aux faits et qui eut pour conséquence de faire retarder l’élection. Il fallut lancer de nouvelles proclamations et afficher de nouveau.

« Les journaux libéraux jetèrent feu et flammes et le National de Montréal, l’ancien, qui était la propriété de M. Laframboise, mort depuis, juge de la Cour Supérieure, me tomba dessus à bras raccourci. On insinua que je l’avais fait exprès afin de donner à M. Bélanger le temps de faire mousser sa candidature.

« Mon ami, M. Ernest Tremblay, était alors l’un des rédacteurs du National. Nous ne nous connaissions pas. S’il m’eût connu comme il me connaît aujourd’hui, il aurait su que j’étais incapable d’une pareille supercherie. De fait, ce fut M. Aylmer qui profita de ce retard, que j’aurais certainement évité si cela eût été en mon pouvoir. Personne n’a plus que moi regretté ce contretemps.

« Comme je l’ai déjà dit, le vote franco-canadien se divisa entre M. Hanning, candidat conservateur, et M. Aylmer, candidat libéral, qui fut élu à une forte majorité. M. Bélanger n’en eut qu’une faible part et, seul, le canton de Stoke lui donna la majorité des votes de cette municipalité.

« Le jour de la nomination, à Danville, un émissaire du parti conservateur nous fit mander à l’hôtel où nous étions descendus, et nous proposa, au nom du parti, d’accepter une certaine somme destinée à couvrir les frais de M. Bélanger et à désintéresser celui-ci à condition qu’il retirerait sa candidature. Cette proposition fut accueillie par un refus énergique.

« Je représentai à ce monsieur que notre but, en choisissant M. Bélanger comme candidat, n’avait pas été