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PIERRE QUI ROULE

« En 1872, ayant accepté la charge de secrétaire-trésorier de la municipalité de Stoke et celle de secrétaire-trésorier des commissaires d’écoles du même endroit, je transportai mes dieux lares dans ce pittoresque canton.

« J’y cumulai dans la suite plusieurs autres fonctions, entre autres celle d’instituteur, qu’un adversaire a eu plus tard le mauvais goût de me reprocher d’avoir exercée.

« Je n’ai jamais eu honte de cet emploi honorable, pas plus que je n’ai honte de m’être livré à toute espèce de travaux manuels. Il n’y a rien d’infamant dans le fait de n’avoir jamais été ni avocat ni député. Bien loin d’avilir, le travail anoblit.

« À part Lincoln, Hayes et Johnson, trois présidents de la république américaine qui n’ont pas rougi d’avoir été tout à tour bûcheron, tailleur et pédagogue, je pourrais citer un grand nombre d’hommes marquants qui ont puisé dans le travail obscur les rudes leçons de l’expérience.

« Il n’y a pas de sot métier. Il n’y a que de sottes gens, et ceux-là se faufilent partout, surtout dans les sphères où la bêtise peut suppléer au travail.

« Un correspondant de journal m’a aussi reproché d’avoir travaillé pendant quelque temps dans une scierie, à Stoke, où j’ai aidé à découper le bois qui a servi à la construction d’une maison que j’ai bâtie. Il aurait pu me reprocher également d’avoir fait de la culture, du commerce, des affaires d’assurances, etc.

« Il y a trois ans, j’étais allé à Barford en tournée électorale. Après la messe, j’avais eu pour adversaire M. St-Pierre, avocat de Coaticook. La discussion terminée, en attendant la voiture qui devait me transporter à une autre assemblée, j’étais à causer avec un groupe de cultivateurs qui m’étaient presque tous inconnus. L’un d’eux me disait : « Il vous est facile à vous