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PIERRE QUI ROULE

60 ans auparavant. Les environs immédiats étaient habités par une population exclusivement anglaise et protestante. Les premiers colons établis sur la route entre Sawyerville et la frontière américaine avaient été des United Empire Loyalists. Des colonies franco-canadiennes s’étaient récemment échelonnées à quelque distance de cette route. À l’est, à l’ouest et au sud, elles formaient les paroisses de Saint-Malo d’Auckland, de Sainte-Edwige de Clifton et de Saint-Venant de Hereford.

Les colons anglophones commençaient à retraiter devant l’invasion franco-canadienne. Ils offraient leurs terres à bon marché afin de fuir un milieu qui menaçait de se franciser. La terre en question était à vendre à des conditions très raisonnables, et Quéquienne résolut d’aller proposer à son père de venir l’acheter, la maison étant assez grande pour y installer un magasin et y loger deux familles.

Quénoche était retourné à Contrecœur et occupait, au village, la ferme sur laquelle son grand-père, Petit-Potte, avait eu jadis sa fabrique de poterie. Petit-Potte avait donné cette terre à l’une de ses filles, laquelle avait épousé M. Lenoblet Duplessis et était devenue la mère des cinq notaires de ce nom. L’un de ces derniers, le notaire J. O. Duplessis, directeur de la Poste à Sorel, avait hérité de cette terre et l’avait louée à son cousin Quénoche, en attendant que celui-ci fut prêt à acheter une propriété agricole.

La famille accueillit avec joie l’arrivée de Quéquienne, qu’elle n’avait pas revu depuis quatre ans. La proposition de Quéquienne fut acceptée. Son père l’accompagna à son retour dans les Cantons de l’Est et acheta la propriété. Le magasin fut ouvert et la famille Quénoche arriva à Clifton-Est à temps pour les semailles. La femme de Quéquienne était arrivée quelque temps auparavant. Quelques nouveaux colons