Page:Traité de Porphyre, touchant l'abstinence de la chair des animaux.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ſujet de craindre, que tant que nous conſerverons la piété à l’égard des Dieux, nous violions la juſtice que nous devons aux hommes. Socrate diſoit un jour à ceux qui diſputoient ſi le plaiſir devoit être la fin de l’homme, que quand tous les cochons & les boucs en conviendroient, il n’avoueroit jamais, tant qu’il auroit l’uſage de ſon eſprit, que la vraie félicité conſiſtât dans les plaiſirs des ſens. Pour nous, quand tous les loups & tous les vautours du monde approuveroient l’uſage de la viande, nous ne conviendrions pas que ce fût une choſe juſte ; parce que l’homme ne doit point faire de mal, & doit s’abſtenir de ſe procurer du plaiſir par tout ce qui peut faire tort aux autres. Mais puiſque nous en ſommes ſur la juſtice, que nos adverſaires prétendent ne nous obliger qu’à l’égard de nos