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qu’il avait confié le soin d’encastrer dans un maroquin noir l’émail du portrait de Jules par Claudius Popelin, frontispice tout indiqué du recueil où sont groupés les lettres et les articles écrits au moment de sa mort.

Jusqu’en 1885 les amis d’ancienne date et les jeunes gens désireux de présenter au maître leurs hommages ou leurs œuvres étaient reçus dans le cabinet de travail du premier étage, où l’espace restreint par des corps de rayons montant jusqu’au plafond, par un vaste casier rempli de plaquettes de grand format ou de recueils iconographiques, enfin par la table barrant la fenêtre rendait impossibles les réceptions un peu nombreuses. C’est alors qu’Edmond, aidé par un architecte et un lettré, M. Frantz Jourdain, transforma trois pièces du second étage en ce grenier dont on a si souvent parlé depuis dix ans et tout récemment décrit par celui qui en avait conçu la pensée et la décoration.

Les livres n’y avaient pas été oubliés. Dans une vitrine plate étaient exposés l’Histoire de Marie-Antoinette, reliée par Lortic père, les Maîtresses de Louis XV, reliées par Capé, — deux maîtres un peu dédaignés des bibliophiles actuels et dont Edmond de Goncourt a caractérisé en termes chaleureux les mérites respectifs[1], — puis un exemplaire de Manette Salomon orné de deux émaux de Popelin, le recueil nécrologique et l’Art du XVIIIe siècle dont j’ai déjà parlé et aussi, sauf erreur, le manuscrit autographe de la notice écrite par Mme la princesse Mathilde sur sa lectrice, Mme Dieudé-Defly. Les casiers bas placés au long des murs ne renfermaient que des œuvres modernes, toutes, il va sans dire, en éditions originales et, autant que faire s’est pu, en papier extraordinaire. La plupart d’entr’elles offrent en outre une particularité de haut goût : une page du manuscrit même de l’auteur, parfois toute sabrée de

  1. La Maison d’un artiste, I, 347-348.