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parure, de ne pas lui donner un suprême regret. Depuis longtemps d’ailleurs, son propriétaire survivant en avait fait les honneurs au public, d’abord dans les deux volumes qu’il lui avait exclusivement consacrés, puis incidemment, dans l’annotation des lettres de Jules de Goncourt, dans maintes pages du Journal et enfin dans le livre écrit par M. Alidor Delzant avec l’agrément, et parfois même, semble-t-il, sous la dictée du maître. Mais si Edmond de Goncourt prenait plaisir à conter ses trouvailles et ses fantaisies de curieux, il ne les communiquait pas volontiers aux expositions particulières, devenues si fréquentes aujourd’hui, et pour la majeure partie des lecteurs de ses livres, les exhibitions préliminaires des ventes auront tout l’attrait de l’inédit.

La collection de dessins prêtée jadis (1860) à la salle Martinet, boulevard des Italiens, — première tentative en faveur de maîtres que l’on était encore réduit, selon le mot de Burty, à « recommander » au public ignorant ou dédaigneux, — puis partiellement une seconde fois, en 1884, chez Georges Petit, a été photographiée par Braun, et quelques-uns des plus beaux spécimens qu’elle renferme ornent l’édition Quantin de l’Art du XVIIIe siècle ; mais la bibliothèque très considérable qu’elle avoisine à Auteuil ne s’est jamais démunie, même provisoirement, de ses curiosités, sauf lors de l’exposition des portraits d’écrivains et de journalistes organisée il y a deux ans à cette même salle Georges Petit et pour laquelle Edmond de Goncourt consentit à laisser sortir quelques-uns des volumes d’auteurs modernes dont je parlerai plus loin.

À quelle date les deux frères avaient-ils entrepris de rassembler cette bibliothèque ? Je ne saurais le dire et peut-être ne le savaient-ils pas eux-mêmes ; je ne crois pas, toutefois, qu’elle fût tout à fait contemporaine de leurs débuts littéraires, malgré l’érudition précoce et tant