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passé de Paul Petrovitch se retraçait douloureusement dans son cœur.

Les marches de l’escalier crièrent sous des pas précipités… Il repoussa Fenitchka loin de lui, et mit la tête sur un des coussins du divan. La porte s’ouvrit, et laissa entrer Kirsanof, tout réjoui, le visage frais et animé. Mitia, non moins frais et enluminé que lui, sautillait en chemise dans ses bras, et accrochait avec ses petits pieds nus les larges boutons du paletot de son père.

Fenitchka se précipita vers Kirsanof, et l’étreignant avec force, ainsi que son fils, appuya sa tête contre son épaule. Kirsanof en parut surpris ; Fenitchka, timide et réservée, ne lui faisait jamais la moindre caresse en présence de quelqu’un.

— Qu’as-tu ? lui demanda-t-il ; puis, ayant regardé son frère, il remit l’enfant à sa mère. — Tu ne te sens pas plus mal ? ajouta-t-il en s’approchant de Paul.

Celui-ci cacha sa figure dans un mouchoir de batiste.

— Non, ce n’est rien… Au contraire… je me trouve beaucoup mieux.

— Tu as eu tort de quitter ton lit, lui dit Kirsanof. Où vas-tu ? ajouta-t-il en s’adressant à Fenitchka ; mais celle-ci avait déjà tiré la porte derrière elle. — J’étais venu te montrer mon petit luron ; il s’ennuyait de ne pas voir son oncle. Pourquoi l’a-t-elle emporté ? Mais qu’as-tu donc ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose entre vous ?

— Frère ! dit solennellement Paul Petrovitch.