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huit heures. Il avait eu le temps d’emballer ses effets, et de mettre en liberté toutes ses grenouilles, ses insectes et ses oiseaux.

— Vous venez me faire vos adieux ? lui dit Kirsanof en se levant.

— Mon Dieu, oui.

— Je vous comprends, et vous justifie entièrement. Mon pauvre frère a sans doute eu tort, aussi est-il puni. Je tiens de lui-même qu’il vous avait mis dans l’impossibilité d’agir autrement que vous ne l’avez fait. Je crois qu’il vous eût été difficile d’éviter ce duel qui… qui peut s’expliquer jusqu’à un certain point par l’antagonisme continuel de vos opinions réciproques (Nicolas Petrovitch s’embarrassait dans ses paroles et respirait péniblement). Mon frère est un homme irascible, obstiné, attaché aux anciennes idées… Je rends grâce à Dieu que tout se soit passé ainsi, sans autres conséquences. Du reste, j’ai pris toutes les mesures nécessaires pour empêcher la chose de s’ébruiter…

— Je vous laisserai mon adresse, et dans le cas où l’on viendrait à faire une histoire de tout cela, vous pourrez toujours me retrouver, dit Bazarof avec nonchalance.

— J’espère que la précaution sera inutile, Eugène Vassilitch… Je regrette beaucoup que votre séjour dans la maison ait eu une… pareille fin. Cela m’affecte d’autant plus qu’Arcade…

— Je le reverrai probablement, reprit Bazarof, à qui toute espèce « d’explication » ou de « déclara-