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d’agréments. Elle tenait à la main une corbeille remplie de fleurs.

— Voici ma Katia ; dit madame Odintsof, en désignant sa sœur d’un signe de tête.

La jeune fille s’assit légèrement à ses côtés et se mit à arranger les fleurs. La levrette qui se nommait Fifi, s’approcha successivement des deux hôtes, en remuant la queue, et en poussant son nez froid contre leurs mains.

— As-tu cueilli tout cela toi-même ? demanda madame Odintsof.

— Oui ; répondit Katia.

— Ma tante viendra-t-elle pour le thé ?

— Elle va venir.

En parlant, Katia souriait d’un air timide et franc, tout en regardant de bas en haut avec une sorte de sauvagerie gracieuse. Tout en elle avait encore la verdeur de la jeunesse ; la voix, le duvet qui couvrait sa figure, ses mains rosées, dont les paumes étaient couvertes de cercles blanchâtres, ses épaules un peu étroites. Elle rougissait continuellement, et poussait de petits soupirs précipités.

Madame Odintsof se tourna du côté de Bazarof.

— C’est par convenance, lui dit-elle, que vous examinez cet album, Eugène Vassilitch. Cela ne doit pas vous intéresser. Approchez-vous plutôt de nous, et mettons-nous à discuter sur n’importe quel sujet.

Bazarof se rapprocha.

— Volontiers ; mais sur quoi voulez-vous discuter ?