Le matin, lorsque Marianne sortit de sa chambre, elle vit Néjdanof habillé et assis sur le divan. Il appuyait sa tête sur une main ; l’autre main, immobile et inerte, gisait sur ses genoux.
Elle s’approcha de lui :
« Bonjour, Alexis… tu ne t’es pas déshabillé ? Tu n’as pas dormi ? Comme tu es pâle ! »
Les paupières alourdies des yeux de Néjdanof se relevèrent lentement.
« Je ne me suis pas déshabillé, je n’ai pas dormi.
— Es-tu malade ? ou bien est-ce encore la suite d’hier ? »
Néjdanof secoua la tête.
« Je n’ai plus dormi depuis le moment où Solomine est entré dans ta chambre. »
— Quand cela ?
— Hier soir.
— Alexis, tu es jaloux ? Voilà une idée ! Tu prends bien ton temps ! Il est resté chez moi un quart d’heure à peine… Nous avons parlé de son cousin, le prêtre, et des moyens d’arranger notre mariage.
— Je sais qu’il n’est resté qu’un quart d’heure : je l’ai vu sortir. Et je ne suis pas jaloux, oh ! non ! Mais depuis ce moment-là je n’ai pas pu m’endormir.
— Pourquoi donc ? »
Néjdanof garda le silence.
« J’ai pensé… pensé… pensé… dit-il enfin.
— À quoi ?
— À toi… à lui… et à moi-même.
— Et à quoi en es-tu arrivé ?
— Faut-il te le dire, Marianne ?