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aussi des chevaux et pour avoir tout et en ordre : et que les chevaux soient tenus en ordre et les piqueurs en ordre, enfin tout. Le feu comte, Dieu lui fasse grâce ! n’avait, il est vrai, de sa vie été chasseur, et il tenait des chiens, et deux fois l’an il daignait faire la frime de partir en grand'chasse. Voilà tous les piqueurs rassemblés dans la cour en habits rouges galonnés, et les trompettes qui sonnent… Son Excellence paraît : c’est bien, c’est animé, et on présente un cheval à Son Excellence ; Son Excellence monte : le premier piqueur lui chausse les étriers, il ôte son bonnet et lui présente la bride posée sur le bonnet. Son Excellence daigne faire claquer sa chambrière, les piqueurs gloussent à la meute et tout se met en marche. L’écuyer suit le comte ; il tient en mains de belles laisses de soie ; c’est merveille que cela, savez-vous ? M. l’écuyer est assis, vous savez, bien haut, bien haut, sur une selle cosaque ; il a les joues écarlates, les yeux écarquillés. Les visiteurs sont là, cela va sans dire : c’est amusant ; c’est bien comme il faut… Ah ! l’asiatique, il m’a échappé ! ajouta-t-il tout à coup en retirant sa ligne.

― Il paraît que, comme on le dit, le comte avait un grand train de maison.