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— Qu’il m’attende, et porte-lui de la vodka.

— À votre service.

Baklaga était un jeune yamstchik de jolie figure ; le prince l’aimait, lui donnait des chevaux, l’emmenait dans de longues promenades et passait avec lui des nuits entières… Ce prince, qui a été un grand écervelé, n’est plus reconnaissable aujourd’hui : il est parfumé, sanglé ; et comme il s’occupe du service ! et comme il est sérieux !

Cependant, la fumée du tabac commençait à me cuire les yeux. Après avoir entendu une fois encore l’exclamation de Khlopakov et le rire du prince, je regagnai ma chambre, où déjà, sur un étroit divan de crin à dossier cintré, mon domestique avait fait mon lit.

Le lendemain, j’allai voir les chevaux dans les cours des maisons et je commençai par ceux d’un maquignon fameux, nommé Sitnikov. J’entrai dans une cour ouverte. Devant la porte grande ouverte de l’écurie, j’aperçus Sitnikov lui-même, homme déjà sur le retour, gros et grand, en petite touloupe de lièvre, le collet relevé.

À ma vue, il se dirigea lentement vers moi, souleva de ses deux mains son bonnet, et me dit en traînant :