Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un quart d’heure après je pris congé de Mardari Apollonitch. En traversant le village, j’aperçus le buffetier Vassia. Il longeait la rue, et, tout en marchant, il croquait des noisettes. Je l’appelai.

— Eh quoi ! frère, on t’a puni aujourd’hui ?

— Et comment le savez-vous ?

— C’est ton bârine qui me l’a dit.

— Le bârine lui-même ?

— Oui. Mais pourquoi t’a-t-il fait punir ?

— Eh ! chez nous, on n’est pas puni sans cause : le bârine n’est pas comme ça ; chez nous c’est un bârine !… oh ! un bârine !… il n’a pas son pareil ! Eh bien ! j’ai été puni parce que je le méritais, batiouchka.

— En route, dis-je à mon cocher.

Voilà la vieille Russie, pensai-je en rentrant chez moi.