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voix de Vassia : « Pavloucha ! Pavloucha, viens ici ! » Je me suis rejeté en arrière… et toutefois j’ai apporté de l’eau.

— Oh, Seigneur ! oh, Seigneur ! firent tous les gamins en se signant.

— C’est le vodianoï qui t’appelle, Pavel, dit Fedia… Nous parlions précisément de Vassia.

— Ah ! c’est mauvais signe, murmura Iliouchka gravement.

— Eh bien ! ça ne fait rien, soit, dit Pavel avec résolution en s’asseyant. On n’évite pas sa destinée.

Les enfants ne parlaient plus. Visiblement, la phrase de Pavel avait produit sur eux une impression profonde. Ils s’installèrent autour du feu pour dormir.

— Qu’est-ce que c’est ? s’écria Kostia en se soulevant.

Pavel écouta.

— Ce sont des bécasses qui sifflent, affirma-t-il.

— Et où vont-elles ?

— Dans le pays où il n’y a pas d’hiver.

— Comment ? Existe-t-il donc vraiment un pareil pays ?

— Oui.

— Loin ?

— Loin, loin au-delà des mers chaudes.

Kostia soupira et ses yeux se fermèrent.