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premier. Et que voulait-il ? Il ne possédait pas un seul pouce de terre, il était venu seulement pour représenter son frère. « Non ! cria-t-il, vous ne me tromperez pas ! À d’autres ! Montrez le plan et faites venir l'ingénieur à Pilatre ! ― Mais enfin, que voulez-vous ? ― Hein ! pensez-vous donc avoir affaire à un imbécile ? Vraiment vous avez cru que j’allais vous dire tout de suite ce que je veux !… Donnez le plan ! » Et il frappe de sa main sur le plan. Il a grièvement offensé Marfa Dmitrievna. Elle criait : « Comment osez-vous attaquer ma réputation ! ― Votre réputation ! répondit-il, je n’en voudrais pas pour ma jument brune. » On lui donna du madère pour le faire taire, à quoi on ne réussit pas sans peine. Et lui calmé, les autres se mirent à crier. Alexandre Vladimirovitch Korolev se tenait à l’écart, mordillant le pommeau de sa canne, et branlant de temps en temps la tête. J’avais honte, je n’y pouvais plus tenir, j’allais partir, quand Alexandre Vladimirovitch se leva, en manifestant le désir d’être écouté. « Messieurs, proclame aussitôt l’arbitre qui se donne un mal inouï, Alexandre Vladimirovitch veut parler. » Il faut reconnaître que tous les gentilshommes se turent à l’instant. « Pardon, Messieurs, dit Alexandre Vladimirovitch, mais il me semble