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le rosier, restes d’anciens parterres. Près d’un vivier où croupissait une eau noirâtre, on distinguait, presque au ras du sol, la margelle d’un puits entouré de flaques où les canards pataugeaient à cœur joie. Un chien, tremblant de tous ses membres et clignant de l’œil, rongeait un os dans une sorte de prairie improvisée où broutait paresseusement une vache blanche et rouge qui agitait le panache de sa queue sur son échine maigre. Le sentier tournait de côté entre des bouleaux et des aubiers, et nous aperçûmes une petite maison vieille et grise au toit de planches et dont l’auvent chancelait. Radilov s’arrêta.

― Du reste, dit-il avec bonhomie et en me regardant en face, j’y songe, peut-être ne vous plaît-il guère de venir chez moi, et dans ce cas…

Je ne le laissai pas achever et lui assurai qu’il me serait au contraire très agréable de dîner avec lui.

― Alors, à votre aise !

Nous entrâmes. Un gars, en long cafetan de drap bleu, nous introduisit. Radilov lui ordonna d’apporter de la vodka à Ermolaï. Mon chasseur fit à notre hôte un salut respectueux.

Nous quittâmes l’antichambre dont les murs étaient couverts de tableaux et de cages et en-