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de l’État qu’on suppose menacés par la conduite des Doukhobors.

Quant à cette peur de la violation des intérêts de l’État, en réalité, elle est tout à fait chimérique, au moins dans les pays dont l’organisation est capable de se développer en accord, avec les exigences du temps. En Angleterre par exemple, deux cents ans avant, le gouvernement persécuta cruellement ces mêmes Quakers en s’imaginant aussi qu’ils étaient dangereux pour le gouvernement. Mais le temps est passé ; le développement de l’humanitarisme et de la tolérance religieuse a vaincu et on a laissé tranquilles les Quakers en leur reconnaissant le droit de vivre selon leur conscience. Eh quoi ! non seulement la tranquillité de l’Angleterre n’en a pas souffert, mais au contraire, dans le dernier siècle, elle a beaucoup augmenté. Et chez nous-mêmes, en Russie — c’est la preuve la plus éloquente — on a laissé tranquilles les Doukhobors pendant cinquante ans, et pendant tout ce temps, il n’y eut, de leur part, aucune difficulté pour l’État. Ces complications, toutes ces souffrances et toutes ces sauvageries naquirent seulement quand le gouvernement voulut violenter leur conscience. Est-ce que les con-