Page:Tolstoi - Le Roman du mariage.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quel sombre et triste hiver nous avons passé dans notre maison de campagne de Pokrovskoe ! Qu’il faisait froid ! Le vent tassait la neige en monticules plus hauts que nos fenêtres. Nos carreaux étaient presque toujours opaques à force d’être gelés, et de tout l’hiver nous ne somme pas sorties une seule fois pour faire une visite.

Les personnes qui venaient nous voir de loin en loin n’apportaient pas la joie et la gaieté dans notre maison. Elles avaient toutes des mines allongées et parlaient à voix basse, comme si elles craignaient de réveiller quelqu’un ; jamais il ne leur arrivait de rire, au contraire, toutes poussaient des soupirs en me regardant et souvent fondaient en larmes en voyant ma petite sœur Sonia vêtue de sa robe de deuil.

La mort planait encore sur notre demeure et la remplissait de tristesse et d’épouvante.

L’appartement de ma mère restait fermé ; quand je passais devant sa porte pour entrer