Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/397

Cette page n’a pas encore été corrigée

6. Les hommes craignent la mort et voudraient vivre aussi longtemps que possible. Mais si la mort est un malheur, n’est-il pas indifférent de mourir dans trente ou dans trois cents ans ? Quelle joie a un condamné à mort de savoir que ses camarades mourront dans trois jours et que son exécution à lui aura lieu dans trente jours. La vie se terminant par une mort définitive serait la mort même. SKOVORODA.

7. Chacun sent qu’il n’est pas un rien amené à la vie, à un certain moment, par quelqu’un d’autre. C’est de là que vient notre assurance que la mort peut mettre une fin à notre vie, mais non à notre existence. SCHOPENHAUER.

8. Plus on est profondément conscient de sa vie, moins on croit à sa disparition et à la mort.

9. Je ne crois en aucune des religions existantes, et ne puis, par suite, être soupçonné de suivre aveuglément quelque tradition ou de subir l’influence de l’éducation. Mais, durant ma vie entière, j’ai réfléchi aussi profondément que j’en étais capable sur la loi de notre vie. Je l’ai cherchée dans l’histoire de l’humanité et dans ma propre conscience, et je suis arrivé à la conviction inébranlable que la mort n’existe pas, que la vie ne peut être qu’éternelle, que le perfectionnement infini est une loi de la vie, que chaque qualité, chaque idée, chaque tendance que je possède, doit avoir son développement