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5. « Car je suis descendu du Ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, la volonté du Père qui m’a envoyé est que je ne perde rien de ce qu’il m’a donné, » dit Jean (VI, 28-39), autrement dit, il est commandé de conserver, de cultiver, d’amener au plus haut degré possible l’étincelle divine qui m’est donnée, qui m’est confiée, comme un enfant à sa bonne. Que faut-il pour accomplir cela ? Non pas satisfaire nos désirs charnels, celui de la gloire ; non la vie tranquille, mais, au contraire, l’abstinence, l’humilité, le travail, la lutte, les privations, les persécutions, tout ce qui est dit tant de fois dans l’Evangile. Et c’est précisément ce dont nous avons besoin qui nous est envoyé sous diverses formes, en grandes et en petites mesures. Sachons seulement l’accepter comme il convient, comme une épreuve dont nous avons besoin et qui donne la joie, et non comme quelque chose d’ennuyeux qui trouble notre existence bestiale, et celle que nous croyons être la vraie et dont l’accroissement d’intensité nous apparaît comme un bonheur.

6. « Si l’homme pouvait ne pas craindre la mort et ne pas y penser, les souffrances affreuses, inutiles, injustifiables et inévitables suffiraient à enlever tout sens raisonnable attribué à la vie », disent les hommes.

Je m’emploie à une bonne œuvre, incontestablement utile aux autres, et brusquement la maladie interrompt mon travail, me fait souffrir sans raison. La vis d’un rail se rouille, et il faut que ce soit précisément le jour même qu’il saute, qu’une excellente mère se trouve dans le wagon et que ses enfants soient écrasés devant elle. Il