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Seul le divin amour et la communion avec Dieu suppriment cette difficulté, car, dans ce cas, le sacrifice devient une joie constante, croissante etimmuable. AMIEL.

9. L’idée du devoir dans toute sa pureté est non seulement bien plus simple, plus claire, plus compréhensible dans la pratiquent plus naturelle que l’impulsion venant du désir du bonheur ou qui est liée à lui (et qui exige toujours beaucoup d’artifice et de spéculations approfondies), mais même devant le simple bon sens, cette idée apparaît comme bien plus puissante, plus persistante et promet bien plus de succès que toutes les impulsions provenant de l’égoïsme, à condition que l’idée du devoir soit comprise par le bon sens tout à fait indépendamment des impulsions égoïstes. La conscience que je peux parce que je dois, révèle en l’homme la profondeur des dons divins, lui permettant, comme à un saint prophète, de pressentir la puissance et la grandeur de sa vraie destination. Et si l’homme y faisait plus souvent attention et s’était habitué à séparer entièrement la vertu de tous les avantages qui sont la récompense du devoir accompli, si l’exercice de la vertu avait été la préoccupation principale de l’éducation privée et sociale, l’état moral des hommes se serait bientôt amélioré. Si l’expérience de l’histoire n’a pas encore donné de bons résultats concernant la doctrine de la vertu, cela vient de la fausse conception que l’impulsion déduite de l’idée du devoir serait trop faible et distante, et qu’une impulsion plus proche, provenant d’un calcul sur les avantages que l’on doit attendre pour l’accomplissement du devoir, tant en ce monde que dans l’autre monde, agit plus