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zèle toute erreur, là même où elle ne peut faire aucun tort, parce que le danger des erreurs peut facilement apparaître un jour, là où on ne s’y attendait pas, toute erreur contenant du poison. Il n’y a pas d’erreur inoffensive et il y a d’autant moins d’erreur honorable et sacrée.

Pour consoler ceux qui consacrent leur vie et leurs forces à la noble et difficile lutte contre les erreurs, on peut hardiment dire que, si avant la venue de la vérité, l’erreur continuera quand même à faire son œuvre, elle n’évincera pas jusqu’au bout la vérité conquise et clairement exprimée, pour prendre librement sa place vacante, pas plus que les hiboux et les chauves-souris pendant la nuit n’intimideront et n’empêcheront le soleil de réapparaître radieux à son lever. Telle est la puissance de la vérité ; sa victoire est difficile et pénible, mais une fois gagnée, elle ne peut pas être reprise. SCHOPENHAUER.

3. Depuis que les hommes vivent sur la terre, tous les peuples ont eu des sages qui leur ont enseigné ce qui était le plus nécessaire de savoir : quelle est la destination et, par conséquent, le vrai bonheur de chaque homme et de tous les hommes. Seul l’homme qui connaît cette science peut juger de l’importance de toutes les autres.

Les objets d’études sont innombrables ; aussi, l’ignorance de la mission et du bonheur des hommes rend-elle impossible le choix dans cette quantité infinie des connaissances et c’est pourquoi sans cette connaissance primordiale, toutes les autres deviennent et sont, en effet, un amusement vain et nuisible.

4. Tous les hommes qui s’adressent à la science de notre