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4. Chaque homme séparément, de même que toute l’humanité dans son ensemble doit se transformer, passer de l’état inférieur à l’état supérieur, sans s’arrêter dans sa croissance dont la limite est en Dieu lui-même. Tout état est la conséquence de l’état précédent. La croissance s’effectue continuellement et imperceptiblement et, pareille à la croissance de l’embryon, elle a lieu de façon à ce que rien ne détruit le but des situations successives de ce développement continu. Mais s’il est donné à l’homme et à tout le genre humain de se transformer, cette transformation, tant pour l’individu que pour tout le genre humain, doit s’effectuer dans le travail et les souffrances. Avant de se parer de grandeur, avant d’apparaître à la lumière, on doit se mouvoir dans les ténèbres, supporter les persécutions, sacrifier son corps pour sauver son âme ; il faut mourir pour ressusciter à la vie plus puissante, plus parfaite. Et après dix-huit siècles, ayant accompli un des cycles de son développement, l’humanité tend de nouveau à se transformer. Les anciens systèmes, les anciennes sociétés, tout ce qui composait l’ancien monde s’écroule déjà, et les peuples vivent maintenant au milieu de décombres, dans l’effroi et la souffrance. C’est pourquoi on ne doit pas perdre courage à la vue de ces ruines, de ces morts qui se sont déjà accomplies et qui s’accompliront encore, mais, au contraire, prendre courage. L’union des hommes est proche. LAMENNAIS.