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5. Goutte à goutte, le seau se remplit ; de même l’homme s’emplit de colère, bien qu’il la ramasse petit à petit, lorsqu’il se permet de s’irriter contre les gens. Le mal revient à celui qui le commet, de même que la poussière jetée contre le vent. Ni au ciel, ni dans la mer, ni dans les profondeurs des montagnes, il n’y a de place dans tout l’univers, où l’homme pourrait se débarrasser de la méchanceté qui est dans son cœur. Souviens-t-en. DJAMAPADA.

6. La loi hindoue dit : De même qu’il est juste qu’il fasse froid en hiver et chaud en été, il est juste qu’un mauvais homme soit malheureux et un bon heureux. Que personne n’entame de querelle, bien qu’il soit offensé et qu’il souffre ; que personne n’offense, ni par un acte, ni par une parole, ni par une pensée. Tout cela prive l’homme du vrai bonheur.

7. Lorsque je sais que la colère me prive du vrai bonheur, je ne peux plus chercher consciemment querelle aux autres ; je ne peux pas, ainsi que je le faisais avant, me réjouir de mon péché, en être fier, l’encourager, le justifier, me donner de l’importance et me croire raisonnable, considérer les autres comme nuls, perdus, insensés ; je ne peux plus maintenant, en sentant que je me laisse emporter par la colère, ne pas reconnaître que j’en suis seul coupable, et ne pas tâcher de me réconcilier avec ceux qui me cherchent querelle. Mais cela ne suffit pas. Si je sais maintenant que la colère est un mal pour mon âme, je sais aussi ce qui me