Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jamais plus qu’aujourd’hui les classes supérieures n’ont témoigné autant de sympathie et d’affection pour les classes inférieures, et, cependant, elles n’ont jamais été autant méprisées par celles-ci. JOHN RUSKIN.

2. L’homme, comme l’animal, doit besogner, employer ses mains et ses pieds. Il peut forcer les autres à faire ce qui lui est nécessaire, mais il devra quand même dépenser à quelque chose ses forces corporelles. S’il ne travaille pas à des choses utiles, raisonnables, il travaillera à des choses inutiles et stupides. C’est ce qui se produit, en effet, parmi les classes aisées.

3. Les classes oisives excusent leur fainéantise par ce qu’elles s’occupent des arts et des sciences nécessaires au peuple. Ces gens se chargent d’en fournir à ceux qui travaillent ; malheureusement, ce qu’ils apportent au peuple en fait de science et d’art, est une fausse science et un faux art. Aussi, au lieu de récompenser le peuple de son travail, la science et l’art qu’on lui offre ne font que le tromper et le dépraver.

4. Un Européen vantait devant un Chinois les avantages de la production mécanique : « Elle libère l’homme du travail » disait l’Européen. « La libération du travail serait un grand malheur, répondit le Chinois. Sans travail il n’y a pas de bonheur possible. »

5. L’homme ne peut acquérir la richesse que par trois moyens : le travail, la mendicité et le vol. Ceux qui