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et questionnait sur ce qui s’était passé pendant son absence.


XVIII


« Eh bien, vous êtes-vous installé ? demanda Kraut à Volodia ; mais, pardon, comment vous appelle-t-on ? votre nom et votre prénom ? L’usage le veut ainsi chez nous, dans l’artillerie ! Avez-vous un cheval de selle ?

— Non, répondit Volodia, et je suis bien embarrassé, je l’ai dit au capitaine. Je n’ai ni cheval ni argent, jusqu’à ce que je reçoive les frais de fourrage et de route. Je voudrais bien demander au commandant de la batterie de me prêter son cheval, mais je crains un refus.

— Vous voulez le demander à Apollon Serguéitch ? » dit Kraut, produisant avec les lèvres un son qui devait exprimer le doute, et il regarda le capitaine.

« Eh bien, dit ce dernier, s’il refuse, le mal n’est pas grand ! À dire vrai, on n’a guère besoin d’un cheval ici ; je me charge de le lui demander aujourd’hui même.

— Vous ne le connaissez pas, dit Dédenko ; il refuserait autre chose, mais il ne refusera pas à monsieur, voulez-vous parier ?

— Oh ! je sais que vous êtes pour la contradiction, vous…

— Je contredis quand je sais ! Il n’est pas donnant en général, mais il prêtera son cheval, parce qu’il n’a aucun intérêt à le refuser.

— Comment aucun intérêt ! Quand l’avoine lui revient ici à huit roubles, c’est son intérêt évident ; ce sera toujours un cheval de moins à nourrir.

— Vladimir Sémenovitch ! s’écria Vlang, revenant avec la pipe de Kraut, demandez-lui l’Étourneau : c’est un cheval charmant…