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sais que trop, du maître d’histoire, avec son habit bleu à boutons universitaires.

Il posa avec lenteur son chapeau sur la fenêtre et ses livres sur la table, tira son habit à deux mains pour en effacer les plis (c’était vraiment bien nécessaire !) et s’assit en soufflant.

« Allons, messieurs, dit-il en frottant ses mains suantes ; repassons d’abord ce qui a été dit dans la classe précédente, et ensuite je m’efforcerai de vous faire connaître la suite des événements du moyen âge. »

Cela voulait dire : « Récitez vos leçons. »

Pendant que Volodia récitait avec l’aisance et l’assurance de celui qui sait sa leçon, je sortis sans aucun but sur le palier de l’escalier : ne pouvant pas descendre, il était bien naturel que, sans y penser, je me trouvasse sur le palier. À peine allais-je m’installer à mon observatoire ordinaire, derrière la porte, que Mimi (elle était toujours la cause de tous mes malheurs) me tomba dessus à l’improviste.

« Vous ici ? » dit-elle en regardant sévèrement moi d’abord, puis la porte de la chambre des servantes, puis de nouveau moi.

Je me sentais doublement en faute, n’étant pas dans la classe et me trouvant dans un endroit défendu. Je n’osai donc rien dire et, baissant la tête, j’exprimai par mon attitude le repentir le plus touchant.

« Non, c’est trop fort ! s’écria Mimi. Qu’est-ce que vous faisiez là ? (Je gardai le silence.) Non, ça ne se passera pas comme ça, continua-t-elle en frappant sur la rampe de l’escalier avec le dos de ses doigts ; je le dirai à la comtesse. »

Il était trois heures moins cinq quand je rentrai dans la classe. Le professeur avait l’air de ne pas s’apercevoir si j’y étais ou non et expliquait la leçon suivante à Volodia. Les explications terminées, il commença à rassembler ses cahiers et Volodia alla chercher le cachet dans la