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XII


Alors l’ange s’enveloppa d’une lumière éclatante, et une voix céleste fit entendre ces paroles :

— Je sais maintenant que la vie ne se conserve ni par les soins ni par les inquiétudes de l’homme, mais par l’amour. La mère mourante ne savait pas comment ses enfants vivraient. Le riche seigneur ignorait ce que l’heure suivante lui réservait : aucun mortel ne peut prévoir s’il portera le soir la chaussure des vivants ou celle des morts.

« J’ai dû la conservation de ma vie non à mes soucis et à mes inquiétudes, mais à la charité d’un homme et d’une femme qui ont accueilli le malheureux rencontré nu sur le chemin. Ils s’émurent de ma détresse et me donnèrent leur amour.

« Les deux petites orphelines vivent, non par la sollicitude d’un père ou d’une mère, mais par l’amour qu’une étrangère leur a voué. Ce qui