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graisserai, dit un cocher, qui tenait de la graisse à la main, lorsque Serega monta sur le siège et prit les rennes. Te les a-t-il données ?

— Tu es bien curieux ! répliqua Serega en ramenant son vêtement sur ses pieds. Allons, en route ! Aïe, mes amours ! cria-t-il à ses chevaux en brandissant son fouet ; et voiture et calèche roulèrent brusquement avec leurs voyageurs et leurs malles sur la route humide, et disparurent dans le brouillard d’automne.

Le cocher malade restait sur le poêle dans la chambre surchauffée, et, sans avoir cessé de tousser, il se jeta, en faisant appel à toutes ses forces, sur l’autre côté, et il resta sans parler.

Jusqu’au soir, il y eut une allée et venue de gens dans la pièce, on dîna ; — le malade ne se fit pas entendre. Avant de se coucher, la cuisinière grimpa sur le poêle et tira à elle sa pelisse qui était sur les pieds du malade.

— Ne sois pas de mauvaise humeur après moi, Nastasïa, dit le malade, je débarrasserai bientôt ton coin.

— C’est bon ! c’est bon ! cela ne fait rien, grommela Nastasïa. Où souffres-tu, oncle ? Dis ?