qui se passe chez vous, dans votre Europe, à Pétersbourg, à Moscou ?
Et le gouverneur pressa Nekhludov de questions diverses, moins encore pour s’informer vraiment que pour montrer à la fois son importance et son affabilité.
— Et ici ? Où logez-vous ? Chez Dukov ? On n’y est pas mal, mais cela ne vaut pas l’Hôtel de Sibérie ! Mais, dites donc, — ajouta le gouverneur au moment où Nekhludov allait prendre congé, — dites donc, vous allez venir dîner avec nous ! À cinq heures ! N’est-ce pas ? Vous parlez anglais ?
— Oui, je parle anglais.
— Hé bien, voilà qui s’arrange à merveille ! Figurez-vous que nous avons en ce moment ici un Anglais, un voyageur. Il a obtenu l’autorisation, à Pétersbourg, de visiter nos prisons et nos étapes sibériennes. Et précisément il dîne avec nous ce soir. Venez sans faute, vous nous obligerez ! Et, en même temps, je vous rendrai réponse au sujet de cette femme, qui attend sa grâce, et puis au sujet de votre malade. Je verrai s’il n’y a pas moyen de faire quelque chose pour eux !