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RÉSURRECTION

— Et que vous a-t-il dit ? — demanda-t-elle.

— Il m’a dit qu’il voulait se marier avec toi.

Le visage de la jeune femme se contracta, comme sous l’effet d’une vive souffrance. Mais elle ne dit rien, et se contenta de baisser de nouveau les yeux.

— Il me demande mon consentement, ou tout au moins mon avis, — reprit Nekhludov. — Et moi je lui ai dit que tout dépendait de toi, que toi seule devais décider.

— Eh ! pourquoi tout cela ? — s’écria-t-elle en fixant sur Nekhludov ce pénétrant regard de ses yeux un peu louches, qui, de tout temps, avait fait sur lui une impression profonde.

Tous deux restèrent ainsi, une courte minute, à se regarder dans les yeux. Et ce regard leur apprit plus de choses à l’un et à l’autre que bien des paroles.

— C’est toi seule qui dois décider ! — répéta Nekhludov.

— Qu’ai-je à décider ? — s’écria-t-elle. — Tout est décidé depuis longtemps !

— Non non, Katucha, tu dois décider si tu acceptes la proposition de Vladimir Ivanovitch !

— Est-ce que je puis me marier, moi, un gibier de bagne ? Pourquoi irais-je encore perdre la vie de Vladimir Ivanovitch ? — dit la jeune femme d’une voix frémissante.

— Mais, si tu l’aimes ? — fit Nekhludov.

— Eh ! laissez-moi, mieux vaut ne pas parler ! — répondit-elle ; sur quoi, se levant, elle s’enfuit hors de la chambre.