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CHAPITRE VII


La Maslova pouvait être désignée pour faire partie du premier convoi, de telle sorte que Nekhludov n’avait pas de temps à perdre pour régler ses affaires avant son départ. Mais les affaires qu’il avait à régler étaient en si grand nombre qu’il sentait bien que, quelque temps qui lui restât encore pour s’en occuper, jamais il ne pourrait en finir avec elles.

Sa situation, à ce point de vue, était tout autre que par le passé. Auparavant, en effet, il était en peine de trouver à s’occuper ; et toutes ses occupations avaient toujours un seul et unique objet, qui était Dimitri Ivanovitch Nekhludov ; ce qui n’empêchait pas toutes ses occupations de lui paraître alors mortellement ennuyeuses. Maintenant, au contraire, ses occupations n’avaient plus pour objet lui-même, mais autrui ; et cependant elles l’intéressaient et le passionnaient, et leur nombre était infini. Les affaires qui l’occupaient à ce moment se divisaient en quatre catégories : c’était lui-même, avec ses habitudes d’ordre un peu pédantesques, qui les avait ainsi divisées, et qui, en conséquence, avait classé dans quatre portefeuilles différents les papiers qui s’y rapportaient.

La première catégorie comprenait toutes les affaires relatives à la Maslova. De ce côté, Nekhludov se voyait provisoirement dans l’impossibilité d’agir, tout étant subordonné à l’accueil que devait recevoir le recours en grâce.

La seconde catégorie comprenait les diverses affaires relatives à la fortune de Nekhludov. Dans le village qui lui venait de ses tantes, et dans un autre village plus petit, Nekhludov avait fait don de ses terres aux paysans,