forte odeur de mauvaise cuisine ! Près du poêle se tenait une vieille femme dont les manches retroussées mettaient à nu les bras maigres et les mains noires aux veines saillantes.
— C’est notre barine, qui est entré nous faire visite en passant ! — lui dit le vieux.
— Mon humble salut ! — Et la vieille femme, en s’inclinant, ramenait sur ses bras les manches de sa chemise.
— J’ai voulu voir un peu comment vous viviez ! — dit Nekhludov.
— Eh bien ! tu peux le voir, comment nous vivons ! — répondit hardiment la vieille femme, en secouant la tête d’un geste expressif. — L’isba menace de s’écrouler : bien sûr, elle tuera quelqu’un. Mais le vieux trouve que c’est bien ainsi ! Et alors nous vivons, nous menons grand train ! Tu vois, je m’occupe à faire le dîner. Toute la maison, c’est moi qui la nourris !
— Et qu’est-ce que vous allez manger pour dîner ?
— Ce que nous allons manger ? Oh ! nous allons nous en payer ! Premier plat : du pain et du kvass ; deuxième plat, du kvass et du pain !
Et la vieille se mit à rire, ouvrant toute grande sa bouche édentée.
— Non, mais, sans plaisanterie, montrez-moi ce que vous allez manger aujourd’hui !
— Eh bien ! la mère, — dit le vieux, — montre-le-lui ! Sa femme secoua de nouveau la tête.
— Ha ! ha ! on a eu l’idée de venir voir notre nourriture de moujiks ! Ah ! tu es un drôle de barine, je n’en ai jamais vu comme toi ! Tout, il veut tout connaître. Eh bien ! nous allons avoir du pain et du kvass, et puis de la soupe aux choux, et puis encore des pommes de terre.
— Et c’est tout ?
— Qu’est-ce que tu voudrais encore de plus ? — répondit la vieille femme en souriant d’un air fin, les yeux tournés vers la porte.
Par la porte, restée ouverte, Nekhludov vit que le cor-