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III


Ce soir-là, à mon retour de la maison de Liapine, je racontai mes impressions à un de mes amis qui habite Moscou. Il se mit à dire, d’un air satisfait, que c’est là une des conséquences les plus naturelles de la vie des villes et que seuls mes préjugés de provincial me forcent à y voir quelque chose d’étrange. Il m’affirma que cela avait toujours été, que ce serait toujours et devait être ainsi, que c’est une conséquence inévitable de la civilisation. À Londres, c’était encore pis !… il n’y avait donc là rien de mauvais et on ne pouvait s’en plaindre.

Je me mis à contredire mon ami, mais avec tant de chaleur et de colère, que ma femme accourut de la chambre voisine et me demanda